
Le « Fonds de soutien aux très petites entreprises » : une promesse séduisante, une réalité excluante
La Confédération marocaine des très petites, petites et moyennes entreprises (TPE-PME) estime que le nouveau Fonds de soutien à l’investissement lancé par le gouvernement « semble être une opportunité théorique plutôt qu’une solution réelle », soulignant que « les conditions d’accès fixées par les autorités excluent automatiquement la grande majorité des très petites entreprises marocaines ».
Selon le communiqué de la Confédération, « l’exigence d’un investissement minimum d’un million de dirhams rend inéligibles 99 % des très petites entreprises », précisant que ces structures « souffrent d’une fragilité structurelle, d’un manque de capitalisation et de garanties bancaires, ce qui les empêche d’atteindre le seuil requis ».
Le texte souligne que « le discours officiel accompagnant le lancement du fonds à Errachidia a laissé un goût amer chez les jeunes entrepreneurs », ajoutant que « les propos du chef du gouvernement affirmant la facilité d’accès au financement bancaire témoignent d’une méconnaissance inquiétante de la réalité économique et sociale vécue au quotidien par les petits entrepreneurs ».
La Confédération dénonce également que « les conditions imposées par les banques sont excessives et souvent disproportionnées », précisant que « les garanties demandées dépassent parfois trois fois le montant du prêt sollicité ». Elle rappelle aussi que « les taux d’intérêt élevés et la classification des TPE comme entreprises à haut risque vident de sens toute volonté de promotion de l’investissement ».
Et d’avertir : « Si le gouvernement continue d’ignorer les difficultés de cette catégorie d’entrepreneurs, tout en privilégiant le dialogue avec le patronat, il risque de pousser les très petites entreprises à exprimer leur colère dans la rue, aux côtés d’autres groupes marginalisés. »
Par ailleurs, la Confédération alerte sur les dispositions du projet de loi de finances 2026, estimant qu’elles « entretiennent un déséquilibre fiscal évident ». Elle précise que « la hausse de l’impôt sur les très petites entreprises de 10 % à 20 % les place au même niveau que les grandes sociétés, dont le taux a pourtant été abaissé de 35 % à 20 % », ce qu’elle qualifie « d’injustice fiscale flagrante ».
La Confédération ajoute : « Les grandes entreprises bénéficient d’un accès facile au crédit, aux marchés publics et à l’immobilier, ainsi que d’un soutien gouvernemental constant, tandis que les TPE luttent simplement pour survivre et éviter la faillite. » Elle rappelle que « l’arrêt des programmes Intilaka et Forsa n’a fait qu’aggraver la situation ».
« Les décisions récentes du gouvernement mettent en péril la stabilité économique et sociale du pays », prévient la Confédération, rappelant que « plus de 40 000 entreprises ont fait faillite en 2024, dont 99 % étaient de très petites entreprises », et que « le chiffre pourrait dépasser les 50 000 en 2025 ».
Face à cette situation, la Confédération appelle le gouvernement à « reconnaître les erreurs dans la conception et la mise en œuvre des programmes de soutien », et à « ouvrir un dialogue national inclusif avec les représentants des très petites entreprises ». Elle recommande également la création « d’une banque publique dédiée aux TPE, à l’image de l’expérience française Bpifrance ».
La Confédération propose en outre de « réviser les conditions d’accès au fonds pour les adapter aux capacités réelles des TPE », de « mettre en place une fiscalité plus équitable et progressive », et de « simplifier les procédures administratives tout en assurant la transparence dans la distribution des aides publiques ».
Enfin, elle conclut :
Le rôle des TPE dans l’économie marocaine est essentiel : elles représentent une part dominante du tissu entrepreneurial et emploient la majorité de la population active. En les excluant des dispositifs de soutien, le gouvernement compromet non seulement leur survie, mais aussi la stabilité économique et sociale du Maroc.






















