En Espagne, un nouveau gouvernement Sánchez clairement ancré à gauche
Hausse d’impôts pour les plus riches, réduction de la durée du temps de travail, renforcement de l’autonomie des régions, promesse d’une reconnaissance de l’Etat palestinien… Tour d’horizon des principaux engagements annoncés par le responsable socialiste.
Fiscalité
Pedro Sánchez s’est engagé à accroître le barème de l’impôt sur le revenu pour les hauts salaires et à lutter contre l’optimisation fiscale des entreprises pour garantir un taux d’impôt sur les sociétés de 15%.
Sous la pression de son allié d’extrême gauche Sumar, il a par ailleurs prévu de pérenniser l’impôt exceptionnel sur les groupes énergétiques et les banques, instauré au 1er janvier pour financer les aides au pouvoir d’achat.
Cette annonce a provoqué une levée de boucliers du patronat et devrait se heurter aux réticences de certains alliés régionaux de M Sánchez, comme le parti nationaliste basque PNV et la formation indépendantiste catalane de Carles Puigdemont (Junts per Catalunya), proches du monde de l’entreprise.
Temps de travail
A la demande là encore de Sumar, Pedro Sánchez s’est engagé à faire passer la durée légale du temps de travail de 40 heures à 37,5 heures par semaine d’ici 2025, avec une étape à 38,5 heures en 2024.
Cette réduction se fera sans perte de salaire et s’accompagnera de mesures « d’incitations » pour pousser les entreprises à « proposer des horaires de travail plus flexibles », a précisé le chef du gouvernement.
La baisse du temps de travail, potentiellement coûteuse pour les entreprises ayant un fort besoin de main d’œuvre, pourrait là aussi se heurter à l’opposition du PNV et de Junts.
Aides sociales
Le Premier ministre s’est engagé à prolonger jusqu’en juin 2024 la baisse de la TVA sur les produits alimentaires de première nécessité instaurée le 1er janvier, et censée prendre fin le 31 décembre.
Il a par ailleurs prévu une nouvelle hausse du salaire minimum, déjà relevé de 50% depuis son arrivée au pouvoir il y a cinq ans, et la gratuité, au 1er janvier, des transports publics urbains pour les jeunes et les chômeurs.
Pour lutter contre la crise du logement, le nouveau gouvernement souhaite accroître les aides financières à l’achat et à la location, et construire 183.000 nouveaux logements sociaux.
Ces mesures devront toutefois s’accorder avec les engagements de l’Espagne, qui a promis à Bruxelles de ramener l’an prochain le déficit public à 3% du PIB, comme l’exigent les traités européens, contre 3,9% prévus cette année.
Mesures sociétales
Son nouveau gouvernement devrait faire passer le congé maternité et paternité de 16 à 20 semaines, et généraliser l’accès à l’éducation publique pour les enfants dès l’âge de deux ans.
Il renforcera par ailleurs la lutte contre les violences sexuelles à l’encontre des mineurs, en supprimant la prescription pour les actions en responsabilité civile, qui permettent d’obtenir des dédommagements.
Le dirigeant socialiste souhaite enfin pousser l’Église catholique à « reconnaître et prendre en charge » les victimes d’abus sexuels commis par des membres du clergé, même quand les cas sont prescrits.
Autonomie territoriale
Outre l’amnistie pour les indépendantistes catalans impliqués notamment dans la tentative de sécession de la Catalogne de 2017, au cœur d’une vive controverse, Pedro Sánchez souhaite « impulser un nouveau modèle de financement » renforçant l’autonomie des régions espagnoles.
Cet engagement politiquement sensible se traduira par l’annulation d’une partie de la dette contractée par les communautés autonomes vis-à-vis de l’Etat central – avec notamment l’effacement d’une ardoise de 15 milliards d’euros due par le gouvernement catalan.
Politique étrangère
Le Premier ministre espagnol a assuré dans son discours de politique générale qu’il poursuivra son soutien à l’Ukraine « jusqu’à ce que le dernier soldat russe abandonne » ce pays.
Il a en outre promis d' »œuvrer en Europe et bien sûr en Espagne pour reconnaître l’Etat palestinien », conformément à une résolution non-contraignante adoptée en 2014 par le Parlement espagnol, mais restée depuis lettre morte.