
Le Parlement européen condamne la répression en Algérie et exige la libération de Boualem Sansal
Dans un geste ferme et sans précédent, le Parlement européen a adopté jeudi dernier une résolution appelant à la libération immédiate et inconditionnelle de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis novembre 2024 dans des circonstances jugées controversées. L’adoption de cette résolution, à une large majorité de 553 voix pour, 24 contre et 48 abstentions, marque une nouvelle étape dans l’attention croissante portée à la répression des droits humains en Algérie.
La résolution ne se limite pas à la situation de Sansal, mais élargit son champ aux atteintes récurrentes aux libertés fondamentales en Algérie. Les eurodéputés ont exprimé leur inquiétude face aux emprisonnements de plusieurs personnalités, dont le journaliste Abdelwakil Blamm et l’écrivain Tadjadit Mohamed, pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. En appelant à la libération de ces prisonniers, la résolution met en exergue les violations des droits de l’Homme commises par le régime algérien, et exhorte les autorités à respecter les engagements pris en vertu de la Constitution algérienne, notamment en ce qui concerne la liberté de la presse.
Dans un communiqué, les parlementaires européens ont souligné l’importance d’un véritable respect de l’État de droit, avec une mention particulière de l’indépendance du pouvoir judiciaire, qu’ils estiment en danger en Algérie. Ils ont également insisté sur la nécessité d’une révision des lois répressives, tout en précisant que le renouvellement des priorités du partenariat UE-Algérie dépendrait de progrès substantiels dans ces domaines.
L’affaire Boualem Sansal, dont l’arrestation a provoqué une vague d’indignation à l’échelle internationale, est au cœur de ce débat. L’écrivain de 74 ans, connu pour ses critiques acerbes de l’extrémisme religieux et des régimes autoritaires, a été arrêté à son arrivée à l’aéroport d’Alger en novembre 2024, accusé d’infractions jugées vagues et arbitraires par ses soutiens. Son état de santé, fragilisé par ses conditions de détention, suscite de vives inquiétudes. Des sources proches de son entourage ont rapporté qu’il avait dû être hospitalisé à deux reprises au mois de décembre, une situation qui alimente les préoccupations internationales.
Son avocat, François Zimeray, a dénoncé publiquement l’isolement de l’affaire, soulignant qu’il s’agissait d’un enjeu fondamental pour la défense des droits humains à l’échelle mondiale. “Il ne s’agit pas seulement d’une question franco-algérienne. Il s’agit de la liberté d’expression pour tous les intellectuels et citoyens algériens”, a-t-il déclaré.
Dans ce contexte, le Parlement européen a averti que l’octroi futur de fonds européens à l’Algérie pourrait être conditionné par des progrès tangibles dans le respect des droits de l’Homme et de la liberté d’expression. Cette résolution survient alors que les tensions entre l’Algérie et la communauté internationale continuent d’augmenter, le pays étant de plus en plus critiqué pour sa politique de répression.
La situation en Algérie continue de susciter une vigilance accrue au niveau international, et le message du Parlement européen est clair : la protection des droits de l’Homme reste une condition sine qua non de toute coopération future avec l’Algérie.