
France : des centaines de milliers de manifestants contre la réforme des retraites
Des centaines de milliers de manifestants, des grèves à l’école ou dans les transports: les syndicats ont donné jeudi le coup d’envoi de la contestation pour faire reculer le gouvernement sur sa réforme phare des retraites, saluant une mobilisation « réussie ».
« La retraite avant l’arthrite », « métro, boulot, caveau »… De Calais à Nice, des manifestants ont battu le pavé dans la matinée, avant que le cortège parisien ne s’élance dans l’après-midi pour dire « non » au recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, sur fond de large mécontentement social dans un contexte de forte inflation. Quelques heurts ou dégradations ont été signalés à Paris, Lyon et Rennes.
Les chiffres remontés par les autorités attestent d’une mobilisation très importante: 36.000 personnes ont ainsi défilé à Toulouse, 26.000 à Marseille, 25.000 à Nantes, 19.000 à Clermont-Ferrand, 15.000 à Montpellier… Ils étaient 23.000 à Lyon, où les forces de l’ordre ont essuyé quelques jets de projectiles et procédé à 17 interpellations, selon la préfecture.
A Paris, des heurts ont éclaté entre forces de l’ordre et manifestants près de Bastille, avec jets de projectiles et usage de gaz lacrymogènes. Selon la préfecture de police, 30 personnes ont été interpellées.
A l’échelle nationale, les niveaux de mobilisation sont comparables voire supérieurs à ceux du 5 décembre 2019: au démarrage de la contestation contre le précédent projet de réforme des retraites, la police avait compté 806.000 manifestants en France, la CGT 1,5 million.
A la SNCF, qui affiche un taux de grévistes de 46,3%, la circulation était « très fortement perturbée ». Le métro parisien était également « très perturbé ».
De nombreux services publics étaient touchés. 28% de grévistes ont été comptabilisés dans la fonction publique d’Etat par leur ministère de tutelle. Les programmes de l’audiovisuel public étaient également affectés.
Dans l’éducation, le syndicat FSU a dénombré 70% d’enseignants grévistes dans les écoles et 65% dans les collèges et lycées. Le ministère chiffre pour sa part la mobilisation à 42% dans le primaire et 34% dans le secondaire. Quelques dizaines d’établissements ont été l’objet de blocus dans la matinée à Paris, Rennes, Tours et Toulouse notamment.
Il n’y avait aucun trafic au port de Calais, premier de France pour les voyageurs, en raison d’une grève des officiers de port.
Côté raffineries, dans celle de TotalEnergies à Feyzin (Rhône), où les expéditions ont été suspendues, le taux de grévistes a atteint 86%, selon la CGT.
La direction d’EDF faisait part de 44,5% de grévistes sur ses effectifs totaux à la mi-journée.
Le réseau de distribution d’électricité Enedis a fait état de deux coupures volontaires et limitées de courant, à Massy (Essonne) et Chaumont (Haute-Marne). La CGT avait prévenu de coupures d’électricité ciblées sur des communes d’élus favorables à la réforme
Depuis Barcelone où il participait à un sommet franco-espagnol, Emmanuel Macron a dit espérer une mobilisation « sans débordements, ni violences, ni dégradations », assurant de la « détermination » de l’exécutif pour faire aboutir une réforme « juste et responsable ».