Société

Ensemencement des nuages: le Maroc élargit le programme « Al-Ghait »

Dans le cadre de la lutte contre la sécheresse qui frappe le royaume de plein fouet, l’Etat a étendu le programme « Al-Ghait », qui vise à l’ensemencement des nuages pour provoquer des précipitations, à d’autres régions. Les résultats encourageants obtenus ont incité le Maroc à élargir ce programme crucial, qui a déjà attiré l’attention de pays africains confrontés à des défis similaires.

Le Maroc s’attaque à la sécheresse

L’Etat a pris des mesures pour étendre le programme « Al-Ghait » afin de lutter contre la sécheresse qui sévit dans le pays. Selon les statistiques fournies par la Direction générale de la météorologie (DGM) à SNRTnews, 27 opérations d’ensemencement ont été réalisées entre novembre 2021 et avril 2022, et 22 autres opérations ont été menées entre novembre 2022 et avril 2023.

Abdelfettah Sahibi, directeur général de la DGM, a révélé que les résultats obtenus grâce à ce programme ont été significatifs, ce qui l’a incité la à le mettre en œuvre dans de nouvelles régions.

Une initiative marocaine pour faire face à la sécheresse

En 1984, le Maroc a lancé le programme d’ensemencement des nuages à l’initiative de feu SM le roi Hassan II, en collaboration avec l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), dans le but de lutter contre la sécheresse. Depuis lors, le programme « Al-Ghait » a été étendu en utilisant des ressources nationales et en s’appuyant sur d’autres capacités.

Abdelfettah Sahibi a déclaré lors de la présentation du rapport annuel sur le climat pour l’année 2022, le mercredi 10 mai 2023 au siège de la direction à Casablanca, que des études et des évaluations ont confirmé l’importance du programme « Al-Ghait » et ont conduit à son expansion en utilisant des ressources supplémentaires. Il a souligné que le programme a été couronné de succès, ce qui a conduit certains pays africains à l’adopter. Il a également souligné que la demande future de ce programme augmentera en raison des prévisions climatiques préoccupantes, ce qui nécessitera la mobilisation de toutes les ressources disponibles.

Les étapes du programme

Selon les statistiques fournies par la Direction à SNRTnews, le programme « Al-Ghait » a été mis en œuvre progressivement. Il a d’abord débuté par une phase d’étude de faisabilité et de mise en œuvre (1984-1989), qui a permis de choisir la technique d’ensemencement, les zones cibles, les zones de contrôle, ainsi que l’évaluation de l’impact sur l’environnement et les niveaux de précipitations.

Ensuite, la phase de confirmation (1990-1995) a été consacrée à l’évaluation du projet sur les plans statistique, économique et environnemental, tout en garantissant le transfert de compétences aux Marocains.

À partir de 1996, le programme Al-Ghait est entré dans sa phase opérationnelle. Les résultats encourageants obtenus ont ouvert la voie à une mise en œuvre concrète dans le bassin d’Oum Er Rbia. C’est à ce moment-là que les générateurs au sol et les avions ont été mobilisés pour inséminer les nuages, marquant une avancée significative dans la lutte contre la sécheresse.

Puis, en 2005, le programme Al-Ghait a franchi un nouveau cap en s’étendant à l’ensemble du territoire national. Cette extension a été rendue possible grâce à l’augmentation du nombre de sites au sol et à l’intervention aérienne assurée par les Alpha Jet. Pour soutenir cette expansion, un centre de pointe a été érigé à El Hajeb, renforçant ainsi les capacités d’ensemencement des nuages du Maroc.

Modus operandi 

Le programme Al-Ghait repose sur l’utilisation de deux types de vecteurs pour inséminer les nuages à savoir, les générateurs au sol et les avions King Air 2000 et Alpha Jet.

Chaque année, du 1er novembre au 30 avril, les opérations d’ensemencement des nuages sont déployées. Des produits chimiques tels que l’iodure d’argent ou le sel de chlorure de sodium sont utilisés en fonction de la température des nuages. Cette approche vise à favoriser la condensation de l’humidité autour de ces noyaux artificiels, accélérant ainsi la formation des gouttes de pluie et augmentant le potentiel pluviométrique des nuages.

Une expérience marocaine au service de l’Afrique

Au-delà de ses frontières, le Maroc partage son expertise en matière d’ensemencement des nuages avec les pays voisins. La Direction générale de la météorologie affirme que le programme Al Ghait a joué un rôle essentiel dans la coopération entre les pays d’Afrique subsaharienne.

Le Burkina Faso, par exemple, a tiré parti de l’expérience marocaine en 1998 pour mettre en place son propre programme d’ensemencement des nuages, baptisé SAAGA, bénéficiant du soutien technique, scientifique et logistique du Maroc.

De même, le Maroc a apporté son aide au Sénégal en 2002 pour établir le programme BAWAAN. Ce partenariat fructueux, basé sur l’échange de connaissances techniques, scientifiques et logistiques, a duré de 2005 à 2010, renforçant ainsi la coopération entre les deux pays.

Le Maroc a clairement prouvé que son programme Al Ghait était une réussite, ouvrant la voie à une nouvelle ère de collaboration régionale pour lutter contre les défis climatiques. Grâce à son expertise en matière d’ensemencement des nuages, le Maroc se positionne en tant que leader continental et montre l’exemple aux autres nations d’Afrique pour faire face à la sécheresse et assurer un avenir plus durable.

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