
Rabat: Focus sur le danger de la cyberviolence basée sur le genre
La Commission régionale de prise en charge des femmes victimes de violence de Rabat-Salé-Kénitra a tenu, récemment, une réunion axée sur l’accroissement de la cyberviolence basée sur le genre, aggravée par le développement technologique.
Les participants à cette rencontre, initiée sous le thème « la protection juridique et judiciaire des femmes et des filles victimes de violence électronique », ont mis en avant les initiatives entreprises et les efforts déployés par les institutions et les associations (plans d’action, campagnes de sensibilisation…etc) pour lutter contre la violence électronique basée sur le genre.
A l’ouverture de cette réunion, le procureur général du Roi près la Cour d’Appel de Rabat, Abdelaziz Raji, a souligné l’importance de la question de la « violence numérique » qui représente une nouvelle manifestation de la violence à l’égard des femmes, avec des conséquences plus graves que celles causées par la violence verbale et physique, rappelant les lois incriminant ce type d’actes.
Il a, dans ce sens, évoqué la Déclaration de Marrakech, signée sous la présidence effective de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem, le 08 mars 2020, entre plusieurs départements ministériels et institutions gouvernementales, dans le but de lutter contre le phénomène de la violence à l’égard des femmes, de veiller à préserver leurs droits et de leur garantir une prise en charge efficace.
M. Raji a également attiré l’attention sur la gravité de la violence symbolique à l’égard des femmes, qui se manifeste sous plusieurs formes, notamment à travers certains spots publicitaires qui doivent être bannis en raison de leur caractère attentatoire à la dignité des femmes.
De son côté, la présidente de la cellule régionale de prise en charge des femmes victimes de violence et substitut du procureur général du Roi près la Cour d’Appel de Rabat, Lamia Ben Salama, a souligné que la cybercriminalité est un phénomène nouveau qui ne fait pas partie des crimes traditionnels habituels, relevant que leur danger réside dans l’utilisation, à grande échelle, du réseau Internet.
Elle a précisé que la violence numérique à l’égard des femmes est une nouvelle manifestation de la violence basée sur le genre et une source de grande préoccupation dans nombre de pays, rappelant les résultats de l’enquête nationale réalisée par le Haut Commissariat au Plan en 2019 sur la violence, laquelle avait révélé que près de 1,5 million de femmes étaient victimes de violence numérique par le biais d’e-mails, d’appels téléphoniques et des réseaux sociaux.
Ce type de violences s’est accru au cours de la période de la pandémie du Covid-19, a-t-elle mentionné, notant que cette crise sanitaire a imposé le passage à l’espace numérique pour obtenir des services de base (enseignement, assistance juridique et autres).
Cette violence, qui prend de multiples formes telles que le harcèlement, l’usurpation, le piratage, la diffamation et l’extorsion, entraîne de graves conséquences psychologiques dont les femmes sont victimes, a-t-elle poursuivi.
Mme Ben Salama a également passé en revue les efforts du législateur marocain pour faire face à ce crime, affirmant que la cellule régionale veille à garantir la protection nécessaire et la prise en charge efficace des victimes, en coordination avec les autres services et établissements concernés.
Cette réunion a été aussi l’occasion de mettre en exergue le rôle des médias et des associations de la société civile dans la sensibilisation à la violence électronique basée sur le genre et la conscientisation des femmes et des filles (et même des enfants dans les établissements scolaires) sur ses dangers, à travers des campagnes axées sur les textes juridiques incriminant ce genre de violences et les mécanismes de leur signalement.