Société

La « Shrinkflation » au Maroc : quand la quantité des produits diminue mais pas leurs prix

Le Maroc, à l’instar d’autres pays, est aujourd’hui confronté à un phénomène sournois qui impacte le pouvoir d’achat des consommateurs : la « shrinkflation » ou, en français, la « réduflation ». Si ce procédé n’est pas récent, il prend aujourd’hui une ampleur inédite, exacerbée par les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19.

Qu’est-ce que la « shrinkflation » ?

Le principe est simple : le fournisseur réduit la quantité du produit proposé (soit en poids, soit en nombre de pièces), tout en conservant le même prix ou en l’augmentant, et ce, sans changer l’emballage. Ainsi, à première vue, le consommateur pense acheter le produit habituel à un prix inchangé. Mais en réalité, il paye plus cher pour une quantité moindre.

Selon un communiqué de la Fédération marocaine des droits du consommateur, cette pratique, outre qu’elle trompe le consommateur, fausse également le jeu de la concurrence, notamment lorsque plusieurs fournisseurs adoptent la même stratégie, s’apparentant à une entente.

Des produits de consommation courante sont  concernés par cette pratique. Parmi les exemples marquants, la fédération cite les couches pour bébé dont le nombre de pièces a été réduit sans modification du prix (seulement 2 marques marocaines sur 6 ont eu recours à cette pratique, en plus de marques turques), ou encore les mouchoirs en papier dont le poids a diminué tout en augmentant le coût à l’unité. Le café et le thé ne sont pas en reste avec des réductions de poids significatives, le sucre, pourtant produit subventionné, a vu son prix augmenter de 15 centimes.

Bouazza Kharrati, président de ladite fédération, souligne, dans une déclaration à SNRTnews, que ce phénomène s’est particulièrement accentué depuis la période de la Covid-19. « Les sociétés exerçant cette pratique profitent d’une faille juridique. Certes, le changement de poids est indiqué sur l’emballage, mais le consommateur est souvent induit en erreur par une identité visuelle inchangée, » a-t-il confié.

Un appel à la régulation

Face à cette situation, M. Kharrati invite le gouvernement à intervenir afin de protéger le consommateur. « Au niveau légal, le consommateur ne peut rien faire, à part dénoncer cette pratique. c’est au gouvernement d’intervenir afin de mettre fin à ce phénomène, en sa qualité d’arbitre entre les producteurs et le consommateur« , a-t-il confié. Selon le président de la fédération, la « shrinkflation » s’apparente à une « augmentation indirecte des prix », parfois doublée d’une réelle hausse des prix. Une « double augmentation » qui pénalise directement le consommateur.

Bouazza Kharrati pointe du doigt également un autre phénomène portant préjudice au consommateur, celui de la baisse de la qualité : « la comparaison entre un produit commercialisé au Maroc avec le même produit commercialisé dans un pays étranger démontre d’une grande différence de qualité, » a-t-il indiqué.

En l’absence de législation spécifique, les consommateurs ne peuvent qu’exprimer leur mécontentement et espérer une intervention gouvernement pour mettre fin à ces pratiques, qui touchent directement leur pouvoir d’achat.

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