
Un tournant décisif pour la protection sociale au Maroc : Abaissement du seuil de cotisation pour la pension de vieillesse
Le Maroc franchit une étape majeure dans son système de protection sociale avec l’adoption d’un décret tant attendu par les syndicats et les travailleurs du secteur privé. Le décret, présenté par la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, entérine l’abaissement du seuil de cotisation nécessaire pour bénéficier d’une pension de vieillesse versée par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Désormais, il ne sera plus nécessaire de justifier de 3.240 jours de travail déclaré pour ouvrir droit à une pension ; 1.320 jours suffiront.
Cette réforme est un aboutissement concret de l’accord social du 30 avril 2022 et a été largement saluée comme une avancée historique. Elle vise à réparer une situation qui, jusque-là, excluait de nombreuses personnes aux parcours de travail fragmentés – notamment les femmes de ménage, ouvriers, travailleurs journaliers ou saisonniers – de l’accès à une retraite digne. Ces travailleurs, bien que présents sur le marché du travail, étaient jusque-là privés des droits à une pension de vieillesse en raison de carrières intermittentes ou peu continues.
Un progrès considérable pour les assurés sociaux
Le décret n°2.25.265, qui sera appliqué rétroactivement à partir du 1er janvier 2023, prévoit une série de nouvelles modalités concernant les pensions de vieillesse et d’invalidité. Selon Mustapha Baitas, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, le texte permet désormais aux affiliés ayant cotisé entre 1.320 et 3.240 jours de bénéficier d’une pension de la CNSS, ce qui représente une avancée majeure pour des milliers de citoyens jusque-là oubliés par le système de retraite.
Cinq paliers de pension ont été définis selon le nombre de jours cotisés. Les montants varient de 600 dirhams pour ceux ayant entre 1.320 et 1.704 jours de cotisation, jusqu’à 1.000 dirhams pour ceux ayant cotisé entre 2.856 et 3.240 jours. En dessous du seuil de 1.320 jours, les assurés pourront récupérer l’intégralité de leurs cotisations salariales et patronales.
Une réponse aux inégalités sociales et un soutien à la protection sociale
Cette réforme répond non seulement à un besoin de justice sociale, mais elle est aussi un signe fort du gouvernement en matière de confiance dans le système contributif. En permettant à des dizaines de milliers de travailleurs précaires et intermittents de percevoir une pension de vieillesse, le Maroc amorce un tournant vers une protection sociale plus inclusive et équitable.
La réforme s’inscrit dans la stratégie nationale de généralisation de la protection sociale, un projet royal ambitieux qui doit toucher l’ensemble des Marocains d’ici 2025. L’élargissement de l’accès à la retraite représente un pas important dans la réduction des inégalités structurelles du marché de l’emploi marocain et dans la garantie d’une sécurité sociale pour tous, y compris pour les travailleurs précaires.
Mise en œuvre et défis à venir
Cette réforme n’est pas qu’une avancée technique, mais un changement stratégique et social. Elle représente une réponse directe aux difficultés rencontrées par des travailleurs qui, bien que ayant contribué toute leur vie, ne pouvaient pas accéder à une pension de vieillesse. Dans les mois à venir, les organismes concernés devront mettre en œuvre cette réforme, recalculer les droits des assurés et informer les affiliés. Bien que cette transition logistique représente un défi non négligeable, elle est essentielle pour garantir la concrétisation de cette avancée sociale.
Cette réforme marque ainsi un nouveau chapitre dans l’histoire de la protection sociale au Maroc et un espoir renouvelé pour les travailleurs précaires et intermittents. Elle démontre également la volonté du gouvernement marocain de rendre la sécurité sociale plus inclusive, contribuant ainsi à la réduction des inégalités sociales et à la construction d’un système de retraite plus équitable et accessible à tous.