
Le changement climatique et la rareté d’eau pourraient faire des millions de déplacés en Moyen-Orient
Au Moyen-Orient, la région du monde la plus pauvre en eau, le changement climatique pourrait faire des millions de déplacés, charriant avec eux le risque d’une urbanisation néfaste pour l’environnement et même de conflits pour les ressources.
« Si les populations ne peuvent plus se nourrir ou travailler leurs terres, elles n’ont que peu d’alternatives au déplacement », explique Amy Pope, directrice adjointe de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
En 2021, l’augmentation des catastrophes naturelles a forcé « presque trois millions de personnes à quitter leur maison en Afrique et au Moyen-Orient », rappelle Amy Pope. « Et nous pensons que la situation ne va faire que s’aggraver ».
En Egypte, en 2060, le changement climatique pourrait avoir emporté la moitié du secteur agricole, selon les spécialistes du climat.
Outre « la baisse de la production » agricole, « il y a aussi l’attrait pour la ville, son mode de vie et ses services », nuance Florian Bonnefoi, chercheur rattaché au Centre d’études et de documentation économiques, juridiques et sociales (CEDEJ) au Caire.
Malgré tout, pour la Banque mondiale, en 2050, si rien n’est fait, il y aura 216 millions de migrants climatiques, des familles forcées de se déplacer au sein même de leur pays, dont 19,3 millions dans les cinq pays d’Afrique du Nord.
Si cette zone est particulièrement exposée, c’est que ses côtes densément peuplées sont parmi les plus menacées par la montée des eaux: 7% des habitants y vivent à moins de cinq mètres au-dessus du niveau de la mer, selon l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed).
Naturellement, les populations convergeront vers les métropoles: Le Caire, Alger, Tunis, Tripoli, le corridor Casablanca-Rabat et Tanger.
Mais, prévient la Banque mondiale, ces « foyers d’immigration climatique » sont eux-mêmes vulnérables à la montée des eaux.
A Alexandrie par exemple, sur la côte égyptienne, deux millions de personnes, soit près du tiers des habitants, seront déplacées et 214.000 emplois disparaîtront si la mer monte de 50 centimètres.