
Journée mondiale sans tabac: un espoir qui s’évapore avec la cigarette électronique
Avec plus de 8 millions de morts par an, le tabagisme est la 2e cause de décès dans le monde. Il constitue également la cause principale des maladies évitables puisqu’il est le premier facteur de risque de cancer.
Conscients de cela, plusieurs pays célèbrent chaque 31 mai la journée mondiale sans tabac. Une occasion de souligner les risques du tabac sur la santé, prévenir le tabagisme des jeunes et rappeler les avancées réalisées dans la lutte contre ce problème de santé.
13.4% de Marocains fument
Selon les résultats de l’évaluation de l’impact épidémiologique et économique du tabagisme au Maroc réalisée en 2021, le tabac au Maroc était responsable en 2019 de 74.000 cas prévalents de cardiopathie ischémique, 4.227 nouveaux cas annuels du cancer du poumon.
La mortalité attribuée au tabac en 2019 était de 12.800 décès prématurés. Le coût économique annuel du tabac au Maroc s’élève à plus de 5 milliards de dirhams en 2019, représentant 8.5% des dépenses totales de santé (DTS) et 0.45% du PIB. Il se répartit entre le coût direct médical (60.9%), celui de la mortalité (33.0%) et de la perte de productivité liée à la morbidité (6.1%).
Au Maroc, les chiffres de tabagisme ne cessent d’augmenter et plus principalement chez les jeunes, comme l’explique Loubna Abousselham, cheffe du service de la prévention et du contrôle du cancer au ministère de la Santé et de la protection sociale. « Au Maroc, le système de surveillance se base sur des enquêtes réalisées auprès des populations. La dernière enquête STEPS a été réalisée en 2018 a montré que la prévalence du tabagisme au Maroc est de 13.4% chez les adultes âgés de plus de 18 ans, dont plus de 28% sont des hommes. Nous avons également remarqué que le phénomène du tabagisme augmente auprès des jeunes surtout avec l’avènement des nouveaux produits comme la cigarette électronique et le tabac chauffé ».
Et d’ajouter « pour vendre ces produits, les industriels du tabac essayent de faire du marketing en précisant qu’il s’agit de cigarettes à moindre risque mais concrètement, ces produits peuvent contenir des substances toxiques et chimiques qui risquent d’être néfastes pour la santé. Pour cela, et selon les recommandations de l’OMS et du centre international de recherches sur le cancer, il faut traiter tous les produits du tabac de la même façon. Pour cela, le ministère, en partenariat avec le ministère de l’Education, avait mis en place le Plan national de prévention et de contrôle du cancer 2020-2029 ».
Ce plan préconise, entre autres, la généralisation du programme « Collèges et lycées sans tabac » à tous les établissements de l’enseignement secondaire. Ce programme vise à sensibiliser les groupes vulnérables mais aussi à rendre effective l’interdiction de la vente de tabac dans les parcours des établissements scolaires et surtout la vente aux mineurs.
A en croire l’enquête GYTS réalisée en 2016, la prévalence du tabagisme est de 6% chez les élèves de 13 à 15 ans. Le tabac serait le produit psychoactif dont l’expérimentation est la plus précoce chez les élèves de 15-17 ans.
Les vapoteuses, un phénomène qui se répand chez les ados
Frimer devant les amis, fumer discrètement ou réduire le risque de maladies sont entre autres les prétextes utilisés par les jeunes pour fumer la cigarette électronique ou encore le tabac chauffé.
Hors, ces produits seraient selon les spécialistes plus nocifs pour la santé. Certes, ces produits ne contiennent pas forcément de tabac, mais l’éventuelle présence de nicotine et de produits toxiques pourraient entrainer des troubles de l’apprentissage et une anxiété. Les spécialistes précisent également que prendre plusieurs bouffées en quelques minutes peut entrainer des pics de nicotine ce qui peut créer la dépendance.
Pour faire face à cela, le ministère de la Santé souligne l’importance de l’implication de tous, individus, départements et société civile, dans le renforcement de la lutte contre le tabac.
Cette implication doit se manifester aussi bien en matière de prévention de l’initiation au tabagisme chez les jeunes, le soutien et l’accompagnement de l’abandon des habitudes tabagiques à travers l’adhésion aux services d’aide au sevrage tabagique disponibles dans les structures du ministère.
Cette lutte contre le tabagisme passe également par le plaidoyer pour la mise en œuvre d’une législation stricte nécessaire pour la protection des non-fumeurs contre l’exposition à la fumée de tabac et l’interdiction de la consommation du tabac dans les espaces publics.