Du champ à l’étagère : les coopératives agricoles entre défis de commercialisation et enjeux d’équité commerciale
Derrière chaque pot de miel, chaque bouteille d’huile d’argan, chaque tapis tissé à la main ou sachet de plantes aromatiques, se cachent des histoires humaines. Celles de femmes et d’hommes organisés en coopératives, qui portent avec patience et persévérance un savoir-faire ancestral et le transforment en source de revenu. Pourtant, malgré leur authenticité et leur qualité, ces produits peinent encore à trouver leur place dans les circuits classiques et modernes de distribution.
C’est dans ce contexte que le Marché Solidaire de Casablanca s’impose comme un espace unique en son genre. Il réunit plus de 5000 produits représentant 60 territoires du Maroc. On y trouve de tout : denrées alimentaires, cosmétiques, artisanat, textiles… mais surtout à des prix fixés par les producteurs eux-mêmes, dans un esprit de commerce équitable. Au-delà de la vente, ce marché propose aussi un accompagnement pour améliorer la qualité des produits, un soutien à l’obtention des autorisations de l’ONSSA, ainsi que des formations continues permettant aux coopératives de répondre aux exigences du marché.
Cependant, les obstacles demeurent nombreux. Si l’État marocain soutient ces initiatives à travers divers programmes, le secteur privé reste encore en retrait. Les grandes et moyennes surfaces n’accordent qu’un espace réduit aux produits des coopératives. Plus grave encore, une partie importante des plantes aromatiques est vendue brute à des grossistes étrangers qui les transforment et les revendent à des prix multipliés, laissant aux producteurs locaux une part dérisoire de cette richesse.
Il est temps de changer cette réalité. Car derrière ces coopératives, il n’y a pas seulement des produits. Il y a une dignité à préserver, des savoir-faire à protéger et une souveraineté économique à construire.
