
Cherté de la vie : les « files de la faim » se rallongent un peu partout en Europe et aux USA
Vendredi 25 novembre, la Fédération Française des Banques Alimentaires, organisme bénévole de collecte et de distributions des produits alimentaires et de base au profit des démunis dans l’hexagone, a lancé sa campagne de collecte nationale.
Selon l’Agence France-Presse, des « marées » de bénévoles aux gilets oranges occupent depuis vendredi les supermarchés français pour récupérer les boîtes de conserve, bouteilles d’huiles ou produits d’hygiène qu ces derniers cèdent.
Jusqu’à dimanche, ils seront plus de 9.000 présents en France, selon l’organisation qui espère collecter au niveau national « 23 millions de repas » entre le 25 et le 27 novembre. Pour inciter à la générosité, un slogan choc: « Les Français adorent manger. 10% d’entre eux aimeraient juste pouvoir le faire ».
Selon des chiffres de l’Insee publiés mardi, 3,2 à 3,5 millions de personnes en France ont recours à une aide alimentaire apportée par les associations. Les Banques Alimentaires recensent à elles seules une augmentation de 9% de fréquentation au premier semestre.
En Espagne, ils sont des milliers à faire la queue tous les week-ends dans plusieurs points de la capitale, Madrid, pour obtenir de la nourriture. Le phénomène, connu localement sous le nom de « files de la faim », alimenté ces derniers mois par l’envolée de l’inflation.
Selon les agences de presse, tout ce monde est loin d’être sans emploi. Des chef(fe)s de ménages dont les rentrées totalisent 2000 euros par mois, et qui n’auraient pas pensé faire un jour appel à l’aide alimentaire, font aujourd’hui la queue pour les produits de base, à l’heure où les prix de ces derniers montent d’une semaine à l’autre.
Selon l’Institut national des statistiques, le prix des denrées alimentaires a en effet augmenté de 15,4% sur un an en octobre, le pire chiffre depuis près de 30 ans. Celui du sucre a même bondi de 42,8% et celui des légumes de 25,7%.
Pour les associations, la situation est également compliquée à cause de la baisse des dons. Une source d’inquiétude pour la Fédération Espagnole des Banques Alimentaires, qui vient en aide à plus de 186.000 personnes dans la région de Madrid et à 1,35 million au total en Espagne.
La Suisse, contrairement à ce que l’on puisse penser, n’est pas épargnée par la précarité induite par l’inflation. Dans des articles récents, la presse locale fait état d’une hausse du nombre de ceux qui ont recours aux colis de nourriture ou aux épiceries solidaires pour s’en sortir, « fragilisés par la pandémie, étranglés par l’inflation et la hausse des charges », comme le portrait un article récent du quotidien suisse Le Temps. Les médias européens rapportent une situation similaire partout sur le continent, que ce soit en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Italie où l’association bénévole Coldiretti fait part de 2,6 millions de personnes à avoir demandé de l’aide pour s’alimenter cette année (+12 %).
Aux Etats-Unis, les banques alimentaires du pays abordent la saison des fêtes avec des ressources mises à rude épreuve alors que l’inflation continue de peser sur l’économie. La flambée des prix des denrées alimentaires et la baisse des dons signifient que de nombreux entrepôts de banques alimentaires sont moins approvisionnés que ces dernières années, indique un article d’USA Today.
Selon Feeding America, organisation à but non lucratif supervisant un réseau de plus de 200 banques alimentaires à travers le pays, certaines banques signalent qu’elles sont plus occupées qu’elles ne l’étaient au pic de la crise économique induite par la pandémie en 2020. Le COO de l’organisation, Katie Fitzgerald, a récemment assuré que « la quantité de nourriture récoltée à travers le système de donations ne comble pas la demande d’assistance alimentaire ».
Plus tôt cette année, plus de 150 des 200 banques alimentaires de Feeding America ont signalé une demande accrue ou stable au fur et à mesure que les prix des denrées alimentaires augmentaient, selon la même source. Les banques alimentaires du réseau Feeding America ont acheté 18% de nourriture en plus de juillet à septembre 2022 par rapport à la même période en 2021.
Le département américain de l’Agriculture, l’un des plus grands bailleurs de fonds de l’approvisionnement des banques alimentaires, a lui aussi plus de mal à acheter de la nourriture à des fins caritatives car il fait également face à l’inflation sur le marché.